J’arrive à Montréal et Vous faites partie de l’histoire

IMG_3943IMG_3945Le Centre d’histoire de Montréal présente une exposition très intéressante. J’arrive à Montréal est une façon de faire connaître Montréal à travers les yeux de jeunes immigrants. L’exposition occupe le 2e étage de ce bel édifice, une ancienne caserne de pompiers datant de 1902. Petite en apparence, l’exposition est dense en contenu. Divisée en différentes sections, la première relate l’arrivée à Montréal et les différents chocs culturels vécus par les jeunes et leurs familles. IMG_3928L’exposition fait la part belle à la voix même de ces jeunes, bien que des vidéos présentent les points de vue des adultes, enseignantes en classe d’accueil, par exemple rapportant l’expérience des jeunes. C’eût été plus logique et cohérent, à mon avis, de conserver la même ligne directrice, la voix des jeunes. La 2e partie concerne le patrimoine familial des jeunes apporté avec eux, un objet qui a une signification particulière. Souvent, il s’agit d’un objet légué par un grand-parent, lequel, la plupart du temps, est resté au pays. IMG_3941C’est l’occasion de mieux comprendre l’expérience du déracinement et l’attachement aux valeurs familiales: un instrument de cuisine, un chapelet, une photo d’un héros national. Deux thématiques sont approfondies: la place de la religion et celle de la musique. Cette fois des vidéos nous permettent de voir à l’oeuvre certains jeunes qui présentent un instrument traditionnel et qui en jouent brièvement. Quels virtuoses! D’ailleurs, cette section m’a fait penser à l’installation vidéo de Citizens band d’Angelica Mesiti actuellement au MAC. L’exposition est aussi intéressante à visiter pour le citoyen montréalais, pour le touriste que pour le nouvel arrivant. Chacun y trouve son compte et sa place. Si j’ai bien compté, des jeunes de 23 classes d’accueil d’écoles de Montréal ont participé au projet de l’exposition. Réussi! Jusqu’au 7 décembre 2014.

Je n’ai pas pu apporter beaucoup d’objets qui me rappelaient mon pays d’origine parce que, vous savez, quand on part pour toujours on doit ramasser toute sa vie dans deux valises. On ne pense pas aux petits souvenirs. C’est plus tard qu’on se rend compte qu’il fallait trouver une petite place pour eux.

Keven François, Haïti

En complément: Vous faites partie de l’histoire, un site qui présente le récit de l’arrivée et la présentation d’un objet du patrimoine familial choisi par des jeunes immigrants. Quel beau titre de projet! Un exemple, parmi tant d’autres.

Deux autres expositions: Scandale! Vice, crime et moralité à Montréal 1940-1960 (jusqu’à octobre 2015) et Traces. Lieux. Mémoires (exposition permanente). Avec V., j’ai eu le temps de visiter (rapidement) cette autre exposition qui relate l’histoire de Montréal en 6 périodes:

  • … – 1641: Premiers peuples, du début de l’occupation du territoire (il y a 4000 ans sur l’île) à 1641 – d’ailleurs cette semaine, on annonçait que de récentes fouilles en Estrie ont permis de découvrir de nouveaux artefacts datant de 8500 à 9500 ans
  • 1642-1759 : Fondation, du projet missionnaire à l’empire colonial français
  • 1760-1849 : Consolidation, de la conquête britannique à la capitale du Canada
  • 1850-1899 : Industrialisation, migrants des campagnes et immigrants européens
  • 1900-1949 : Métropole, la ville se développe et devient encore plus cosmopolite
  • 1950-… : Modernités, ébullition d’après guerre, Montréal s’internationalise (Expo 67, Jeux olympiques…)

Beaucoup d’artefacts, des objets, des maquettes d’habitations. Une exposition que tout Montréalais devraient visiter… deux fois plutôt qu’une.

IMG_3952Restées plus longtemps que prévu (évidemment), nous sommes affamées. Notre plan change quand on tombe face à face avec le resto Olive + Gourmando qu’une amie m’avait plusieurs fois recommandé. C’est archi-plein et un brin bruyant alors on prend une commande pour apporter et on va la manger à l’ombre dans une belle petite cour intérieure. Le sandwich que j’ai choisi, le cubain est bon, mais trop lourd en cette chaude journée. Le sandwich de truite fumée de V. semble plus frais et léger. Encore une fois, elle a fait un meilleur choix que moi.

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Arte 7+ n’est plus ce qu’il était mais…

Le site Arte 7+ n’offre plus autant de documentaires sur les arts. Je ne sais pas pourquoi. (au moins il n’est pas devenu le fourre-tout commercial comme Tou.tv.) De temps en temps, quelques documentaires sur l’art surgissent encore et je les attrape. Ils me font souvent découvrir de nouveaux univers, de nouveaux artistes. J’avais découvert Gerhard Richter ainsi, dont je vois maintenant les oeuvres à peu près dans tous les musées que je visite. Arts contemporains ou traditionnels, d’Europe ou d’ailleurs. C’est le cas ce soir.

Lorsque vous savez ce que vous faites, ce n’est pas tellement intéressant. Pour moi, ce qui est intéressant, c’est d’expérimenter, de ne pas savoir ce qui va arriver. Ça c’est passionnant.

Elle s’est intéressée aux organes humains en s’inspirant du livre Grey’s anatomy. Ensuite, à l’enveloppe du corps, puis aux animaux et, actuellement (du moins dans l’actualité du documentaire) elle est inspirée par le chaos qu’a produit une violente tempête sur son terrain. Elle reproduit l’empilement des troncs, des feuilles. C’est délicat, magnifique et grandiose à la fois.

  • KodoTamboursDiableArteKodo, les tambours du diable. Documentaire sur une école de tambours taiko où les apprentis passent deux ans pour ensuite intégrer la compagnie Kodo. Non seulement apprennent-ils à battre du tambour, mais aussi à vivre en communauté, à tailler les baguettes dont ils ont besoin pour manger, les batons dont ils ont besoin pour jouer, à travailler la culture du riz, à faire la cuisine, à nettoyer le plancher, à danser, à jouer de la flute, à chanter. Quelle riche expérience, mais aussi très réglée (le documentaire ne parle pas des mauvais côtés)! Existe-t-il une telle école au Québec sur les arts et artisanats traditionnels? Il faudrait y penser.

Un aperçu du résultat. Un extrait du spectacle Dadan de la compagnie Kodo.

 

MàJ. 16 juillet 2014. Par un incroyable hasard, en passant par la Place des arts, j’ai aperçu une publicité de Mystery, un spectacle de la compagnie Kodo à Montréal en mars 2015. À ne pas manquer!

 

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Baragouiner sa vie tel Gaston Miron

S’il y a un mystère de la fin absolue qu’est la mort, il y a aussi un mystère des commencements.

Gaston Miron: la vie d’un homme, p. 722

 

Gaston Miron a connu un regain de popularité ces dernières années. D’abord, par la voix de Chloé Sainte-Marie qui l’a chanté. LhommeRapailleTypoDouze hommes l’ont suivie, deux fois plutôt qu’une: Douze hommes rapaillés 1 et 2. Puis un documentaire sur la création de ces disques: Rapailler l’homme. Je crois que c’est suite à ce documentaire que j’avais acheté en septembre dernier le livre original, L’homme rapaillé, édition Typo de 1998 (parce qu’il y en a eu plusieurs). Il trône sur ma table de chevet depuis. Des images, des paysages, des sonorités, des racines à la cime.

tu es mon amour
ma clameur mon bramement
tu es mon amour ma ceinture fléchée d’univers
ma danse carrée des quatre coins d’horizon
le rouet des écheveaux de mon espoir
tu es ma réconciliation batailleuse

extrait de La marche à l’amour dans L’homme rapaillé, p. 61

Des films lui ont été consacré dernièrement. Le magnifique Marche à l’amour et Miron: un homme revenu d’en dehors du monde (qui sera projeté cet été dans les parcs de Montréal, voir l’Agenda culturel du mois). Ensuite, je suis allée me procurer la bible Miron, la biographie de l’homme écrite par Pierre Nepveu: Gaston Miron: la vie d’un homme.

GastonMironLaVieDunHommeÉvidemment, la biographie de Miron relate la vie de l’homme, comme l’indique le titre, non seulement le poète, non seulement l’artiste engagé, mais aussi l’homme avec (ou sans) vie sentimentale, ses problèmes de santé, ses hésitations, contradictions, incertitudes.

Il est sûr que je baragouine la langue comme je baragouine la vie – ma vie.

Gaston Miron: la vie d’un homme, p. 302

Elle fait évidemment grande place à sa poésie, ses commencements, ses obsessions, son évolution. Miron était un maniaque du métier, comme dans «cent fois sur le métier remettez votre ouvrage» et on a accès à cette démarche de labeur et de minutie dans son écriture. Un accès privilégié à son processus d’écriture.

Depuis Saint-Agricole dans une de ses premières versions:

Aux carrefours avancés de ma rencontre des hommes
le coeur serré comme les vieilles maisons d’Europe
avec les maigres mots frileux de mes héritages
dans la pauvreté natale de ma pensée
ma vie ahane comme un cheval de trait

à la peine et l’oreille dressée à saisir le réel

«Ma pensée rocheuse», va-t-il préciser un peu plus tard, pour mieux fusionner avec la terre laurentienne de ses ancêtres maternels [… ].

Gaston Miron: la vie d’un homme, p. 330

Toutefois, et c’est là la révélation, cet ouvrage de Pierre Nepveu peut être considéré comme un livre d’histoire sociale du Québec des années 1930 à presque 2000, du Québec rural au Québec contemporain, des paysans, aux artisans, aux employés, aux artistes, aux intellectuels. L’histoire politique aussi, notamment la question de l’indépendance du Québec, et ses rapports de complicité ou de distanciation avec la France. On y présente aussi les points de vue opposés sur les questions de l’identité nationale, d’ici ou d’ailleurs.

L’identité, c’est d’abord une interrogation.

Propos de Jacques Berne notés par Miron

La valorisation de l’identité doit être fortement relativisée, [… ] la revendication des origines, du commencement et d’une «genèse» collective entraîne toujours l’exclusion de l’autre

Propos d’Édouard Glissant, ami de Miron

Chaque événement, chaque époque, chaque enjeu est remis dans son contexte, et le tout écrit tout aussi finement que la langue mironnienne elle-même, sans être austère ni pompeux, bien qu’étant solidement appuyé sur une recherche documentaire impressionnante et surtout sur les archives personnelles du poète (Nepveu est professeur à l’Université de Montréal et a bénéficié de subventions de recherche pour mener à bien le projet). La question de la langue traverse le livre puisqu’elle a traversé la vie de Miron. Toujours d’actualité.

Peut-être un grand malheur, en tout cas la plus triste chose, c’est de douter du langage. C’est alors tomber dans la méfiance et perdre l’espoir de se dire et de trouver du sens – perte d’identité, manque de réalité et, à l’échelle d’une société, constat d’une désintégration, d’un effondrement – atomisation, règle sauvage. […] Lorsque […] les mots sont à la triche un peu partout. Comment alors ressentir et signifier personnellement les choses et le surgissement de l’être en nous, depuis le réel sensible jusque dans le monde humain?

Gaston Miron: la vie d’un homme, p. 706-707

C’est ce à quoi s’est attaché Miron, dire le réel sensible et le surgissement de l’être, dans sa terre laurentienne, au Québec, en France ou ailleurs où il y a mis les pieds:

Aussitôt débarqué à São Paulo [… ], Miron consigne dans son carnet les mots de la végétation nouvelle qui l’entoure: les «ipê» et les «jacaranda» aux fleurs bleu-violet, les «guapuruvu» à fleurs jaunes.

Gaston Miron: la vie d’un homme, p. 754

Je recommande chaudement l’ouvrage à tous les Québécois de souche, de racines, de branches, de feuillage ou de ramage. Un livre qui se lit comme un roman, car la vie de Miron, et l’histoire du Québec, est pleine de rebondissements (et parfois aussi d’enlisements). Aux jeunes, aux vieux, d’ici et d’ailleurs. Lisez ce livre. Je l’ai tant annoté, je ne peux réécrire ici tous les passages importants, inspirants, à relire, à méditer.

Ce livre donne envie d’en lire bien d’autres: la biographie de Fernand Dumont, Récit d’une émigration, les anthologies produites par Miron et des collaborateurs, Écrivains contemporains du Québec, Les grands poèmes de la poésie québécoise, Alfred Desrochers, À l’ombre de L’Orford, Hubert Aquin, Prochain épisode… mais surtout de se replonger dans L’homme rapaillé.

TÊTE DE CABOCHE

Une idée ça vrille et pousse
l’idée du champ dans l’épi de blé
au coeur des feuilles l’idée de l’arbre
qui va faire une forêt
et même, même
forcené, l’idée du chiendent
 
c’est dans l’homme tenu
sa tourmente aiguisée
sa brave folie grimpante
 
non, ça n’déracine pas
ça fait à sa tête de travers
cette idée-là, bizarre! qu’on a
tête de caboche, ô liberté

extrait de L’homme rapaillé, p. 98

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Paris Beurre et Pyrus bistro: une institution et une déstitution

Deux restos visités récemment…

Paris Beurre, rue van Horne. Magret de canard tendre et croustillant. Bonne salade, pommes de terre rissolées un peu lourdes. Entrée de salade de betteraves un peu grossière. Tarte à la rhubarbe fine et savoureuse. Un espresso, le tout pour moins de 20$. Très belle terrasse à l’arrière. Une institution depuis presque 30 ans.

PPyrusBistroyrus bistro avenue Laurier est. Jeudi, menu à 25$, entrée, plat et dessert. Salade de roquette bien garnie mais vinaigrette trop lourde, l’entrée de V. était vraiment plus réussie: crevettes et mousse à l’aneth, frais, savoureux et léger. Plat, on a toute deux choisi le tartare de saumon que j’ai bien aimé, abondamment garni de cornichons, mais un peu plus de jus de citron ou autre condiment pour relever l’acidité aurait été bienvenu. Dessert, j’ai opté pour la tartelette de fruits et glace. Délicieuse. Pour le vin, le sommelier nous a conseillé un vin blanc québécois. J’ai eu le malheur de passer un commentaire un peu négatif sur les vins québécois en général. Quoi, ce ne sont pas mes préférés, mais j’avoue que je ne les connais pas beaucoup. J’ai fait preuve d’ouverture et j’ai accepté la proposition, mais après avoir bu tout mon verre, je persiste et signe. Belle soirée tout de même. Le menu brunch semble tout aussi intéressant… mais plus la peine d’y retourner: le bistro a fermé soudainement ses portes le 3 juillet; la nouvelle a été annoncée sur leur site Facebook.

 

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Saucette new yorkaise estivale

Une amie devait se rendre à New York, elle m’a demandé si je voulais l’accompagner. Devinez. On a refait presque un pèlerinage de quelques endroits qu’on avait beaucoup aimés lors de notre dernier séjour et exploré aussi de nouvelles avenues. NY source inépuisable de découvertes, mais nous, à cette chaleur, étions épuisées!

  • Eataly: 9 restaurants et 1 épicerie dans un ancien entrepôt; à Le Verdure, partagé un plat de cannelloni ricotta et épinard à la sauce tomate, traditionnel et honnête; salade de romaine grillée, fromage de chèvre et noix, saveurs onctueuses; et le plat qui nous a le plus étonnées: le Farrotto con piselli: pâtes farro cuites façon risotto, purée de pois, racine de céleri, ail du printemps, pois et fromage pecorino romano. Frais, délicieux, subtil, mais surprenant.
  • Union square: street dancers & rap. Un théatre de rue dont je ne me lasse pas. Aussi Green Market le lendemain matin.
  • Coffee shop face à Union square (marché): déjeuner d’inspiration d’Amérique latine (Mexique, Brésil) et où les serveuses cultivent leur marginalité. Bon latté.
  • Magasinage @ Anthropologie & Banana Republic sur la 8th ave en se rendant au point suivant.
  • IMG_3916High line: on est d’abord passé chez Sarabeth’s bakery du Chelsea market se chercher un autre café, puis on s’est tout simplement trouvé un banc un peu à l’ombre et on a fait du people watching. En plus, les plates-bandes sont vraiment en fleurs en ce moment.
  • Bushwick graffiti free tour. Un excellent tour à pied avec deux guides bien informés. On se donne rendez-vous devant le Brooklyn’s Natural. Bon point de ralliement pour faire le plein de victuailles (ou de liquide en cette chaude journée, une bouteille de kombucha au gingembre pour moi, quoi de plus rafraîchissant?!) et pour démarrer le tour puisque couvert de graffitis! Beaucoup de graffitis, beaucoup d’informations. Il faudra y retourner à son propre rythme après cette introduction qui permet d’apprivoiser le quartier industriel au passé un peu violent qui se regénère et se gentrifie par endroit. On aurait aimé rebrousser chemin pour aller à Roberta’s pizza avec sa charmante cour à l’ombre des arbres (on a beau être alternatif, on aime quand même mentionné que Bill & Hilary Clinton y ont déjà fait un party!). On s’est plutôt arrêté à Union Pizza Work pendant le match de l’Uruguay et la Colombie, laquelle comptait une supporter audible dans le restaurant. Excellente pizza, bonne bière locale. Après presque trois heures de marche au soleil et de concentration soutenue à assimiler toute l’information, ce fut une halte bienfaitrice.
  • SleepNoMore1Sleep no more @ McKittrick Hotel: tout un hôtel désaffecté est enrobé d’un mystère dont nous sommes les voyeurs et les enquêteurs. Hors du temps (je pensais 1920 à cause des robes longues des hôtesses et du jazz, mais on m’a corrigée: 1949). On nous reçoit au Manderley bar dans une atmosphère feutrée, on nous remet une carte à jouer et un masque qu’on devra porter. On nous fait patienter un peu, puis on nous appelle, en séparant les personnes arrivées ensemble. Chaque groupe est amené à un étage différent, mais ensuite chacun circule librement sur les 5 étages où il croise objets, indices et personnages basés sur la pièce Macbeth de Shakespeare.McKittrickHotelProgramme Des couples se croisent (et nous croisent). Une femme enceinte et son mari se préparent à aller à une soirée. Une femme arrive à l’hôtel, le réceptionniste la reçoit et s’en va… Un couple se confronte. Un homme étouffe un autre dans son lit. Vous pouvez suivre les protagonistes ou attendre qu’ils passent. Vous pouvez apprécier les chorégraphies des performeurs ou celles de participants quand chacun décide de la direction à prendre après avoir assisté à une performance. Chacun choisit sa stratégie et se fait sa propre histoire. SleepNoMore4Voici la mienne: Dans une ville, nous sommes témoins de parcelles d’histoires dont on ne voit que de brefs instants; nous traversons des espaces, nous empruntons des escaliers, longeons des murs, sans nous douter de ce qui se vit hors des apparences. La vie est une chorégraphie improvisée. Si je n’avais pas déjà vu un concept semblable l’hiver dernier à l’hôtel Germain créé par la 2e porte à gauche, la surprise aurait été encore plus grande. Comme tout est toujours plus BIG in the USA, l’expérience y est toutefois décuplée, avec ses bons côtés et ses désavantages. Après avoir assisté à la scène finale (pour ne pas dire la dernière cène), on nous dirige à nouveau vers le Manderley bar où nous pouvons apprécier un charmant groupe de jazz. Malheureusement, on nous jette élégamment à la porte, business oblige, un autre groupe arrive. On peut toutefois aller à The heath, bar adjacent, où musique live et cocktails nous attendent. Pour ceux qui ne veulent vraiment pas dormir, il est possible d’acheter le programme souvenir relatant l’histoire des pensionnaires du McKittrick Hotel.SleepNoMore2
  • Brunch @ Hell’s kitchen (HK) (9th avenue & 39th st) sur une terrasse sur le trottoir, face au Hell’s kitchen flea market et, encore une fois, une faune bigarrée s’y présente et qu’on ne se lasse d’observer. D’autant plus que c’est le Gay Pride le jour même (la veille, l’Empire state building était éclairé «arc-en-ciel»). Bon brunch, aliments de qualité. Belle halte. En repartant, je vais jeter un coup d’oeil au peintre installé dans la rue qui peint un de ces réservoirs sur les toits si intrigants et surprenants que j’affectionne. Je viens d’ailleurs de découvrir un projet artistique autour de ces 17000 water tanks à New York The water tank project visant à sensibiliser au problème d’accès à l’eau potable dans différents endroits du monde.
  • Magasinage @ Loft. On y a passé une bonne heure et demie… avec succès.
  • MoMa. IMG_3866Première visite dans ce temple de l’art moderne. Plein, plein, plein. Ça fait plaisir. Comme il ne reste que deux heures d’ouverture, on fait des choix. Je veux voir les plus récentes acquisitions, mais en passant, je m’arrête à la petite, mais très intéressante salle de design traitant de différentes thématiques, dont le design des jeux vidéos, mais surtout le graphisme visuel, la thématique de la violence et le design, très intéressante et inusitée, et un intrigant projet d’archéologie du futur sur les prothèses nasales pour amplifier notre odorat, sens en perte de capacités chez les humains. D’ailleurs, j’aurais bien aimé dénicher le catalogue de la collection ou un livre sur le sujet… sans succès. Les nouvelles acquisitions étaient intéressantes, mais j’ai dû passer trop vite,  et encore plus rapidement à la collection permanente, pour pleinement absorber la matière. Le musée ferme à 17h30, mais la boutique, à 18h30. On a donc prolongé le séjour par le bouquinage, où j’ai rapporté deux livres très intéressants, voir plus bas.
  • 5 napkin burgers parce qu’il faut bien déguster un hamburger american, mais celui-ci est de très bonne qualité, les frites fines et croustillantes.
  • High line en ce matin ensoleillé, il est encore plus agréable de s’y promener. Des coureurs osent même s’y aventurer parmi les promeneurs. On l’arpente de la 35th à la 23rd st. Bien moins de bruits ici que sur la 10th avenue. Vraiment, encore une fois, le bruit m’a pénétrée, voire agressée, mais c’est ça NY! On cherche un resto pour déjeuner, on est affamé.
  • Cookshop @ 10th avenue & 20th st. Trop rigolo, je suis déjà venue ici pour un de mes meilleurs repas lors de mon séjour de deux mois. Très bon petit déj’, très copieux, IMG_3920qualité des aliments supérieure: bacon, saucisse et crêpes. Le jeu du coincoin se continue. Mon message: «La journée sera colorée.» En tout cas, le weekend l’a été! [Le message des autres: «Un de tes projets se réalisera bientôt», «La maison sera à toi»] Avant de partir, le macadam nous en livre un dernier: «In pursuit of magic.»
  • The cafe grind @ 10th ave. On passe chercher un café et un bagel pour la 3e restée au lit.

Rapporté:

  • 100 ideas that changed art de Michael Bird (2012) aux éditions Lawrence King (autres thèmes dans la même collection: web, fashion, film, architecture, photography, street style, graphic design).
  • Century of the child de Kirchim et O’Connor (2012) aux éditions du MoMa.

En complément:

  • Feuilleté le livre de Brandon Stanton Humans of New York. Voir aussi le site.
  • Constaté les bons et les mauvais côté du graffiti dans le documentaire Infamy disponible dans le site Top documentary.
  • Visionné une exposition qui avait lieu au MET que je n’ai pas eu le temps de visiter et qui est disponible en ligne: P.S. Art 2014: celebrating creative spirit of New York city kids. Il s’agit de 77 oeuvres créées par des élèves de 5 à 17 ans dans les écoles publiques des 5 boroughs de New York. Impressionnant. À tout âge.
  • Me suis rappelé, sur une autre note, que j’avais entendu ce printemps une chronique à propos de Fed Up, un documentaire sur le sucre caché dans l’alimentation aux États-Unis (et ailleurs!) dont le pouvoir de cette industrie et les effets sur la santé sont d’égale importance à ceux du tabac. Dans le métro de NY, j’ai vu une publicité, en espagnol, informant la population que le sucre cause le diabète et l’obésité. Quand boire du Coke Zero est contraire à la santé…
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Soirée gourmande: bd, piquenique et cinéma engagé

Petite fin de journée rafraîchissante en ce début juillet caniculaire.

D’abord, je devais passer par la Grande bibliothèque, rapporter des cd et emprunter des livres réservés. Quel bel oasis, comme toujours.

BestiaireDesFruitsEn chemin de retour, j’ai déjà commencé à avaler tout rond la mignonne bd de Zviane: Le bestiaire des fruits. Très rigolo. La bédé relate les aventures d’une samouraï des fruits qui vit d’aventures en goûtant des fruits exotiques. Elle les note pour nous sur quatre critères: goût, aspect, propreté, commodité. Elle nous en présente 16, dont le kaki, le kiwano et le kumquat (3 fruits commençant par la lettre k, c’est utile non seulement pour ceux qui jouent à Scattergories, dixit Zviane, mais aussi pour ceux qui s’improvisent un défi des Chefs, dixit Curieuse d’idées, puisque, justement, on s’était arrêté à H et qu’on pense recommencer sous peu).

Ensuite, piquenique surprise au Parc Laurier, dans le sens où chaque invité apportait un plat sans plus de concertation. Ce fut un vrai festin! Je rapporte de mémoire quelques ingrédients de chacune:

  • salade de pommes de terre et saumon + moutarde à l’ancienne + ail + citron + haricots verts+ câpres + mayonnaise
  • semoule de blé (couscous) + huile d’olive + saumon poché + oignons verts + menthe + zeste de citron + un peu de jus de citron + sel & poivre
  • brocoli vapeur + vinaigrette à l’orange, sauce soya et miel
  • Salade de rabioles et épinards: rabioles grillés dans l’huile de coco et tamari + épinards+ menthe + pousses de tournesol + laitue + amandes au tamari + vinaigrette: huile de coco + tamari + vinaigre de riz + huile à l’ail confit +  basilic frais
  • salade de chou cavalier vapeur +dés de petit salé avec amandes poellées assaisonnées de fenugrec + pois chiches + abricots frais + vinaigrette de mirin (japonais) + huile d’ail confit + persil
  • vin blanc
  • eau pétillante
  • sirop de horchata
  • ananas juste bien mûr

RenaissanceTradHealingPendant le piquenique, il y avait Jérôme Minière en prestation et ensuite à 21h15, le cinéma sous les étoiles a commencé. D’abord, on a projeté un court métrage d’animation produit par Wapikoni mobile, réalisé par Raymond Caplin et intitulé Renaissance (traditional healing) puis, le film Anticosti: la chasse au pétrole extrême réalisé par Dominic Champagne. Ce film porte sur les enjeux de l’exploitation non conventionnelle du AnticostiLeFilmpétrole sur l’île d’Anticosti, territoire de chasse et de pêche, encore habité par une population en décroissance. L’exploitation pétrolière est-elle la solution à la disparition de l’occupation humaine de l’île ou en sera-t-elle l’accélérateur? Le film soulève les enjeux sociaux, économiques et environnementaux de cette industrie, tente de présenter différents points de vue, malgré le parti pris ouvertement critique du réalisateur. Film bavard qui laisse toutefois une large place aux images d’épinal du lieu, où cerfs se reproduisent en abondance, homards, conques et saumons se dégustent dès qu’ils sont pêchés. Comment préserver ces «ressources» ? Le film plaide pour un virage important de notre consommation de pétrole. À voir.

Pour mes amies japonaises, voici où se trouve l’île d’Anticosti.

AnticostiCarteProchain rendez-vous.

  • 7 juillet au Parc des faubourgs pour le film 3 histoires d’indiens de Robert Morin.
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Agenda culturel juillet 2014

En cours

En juillet:

Festimania est un regroupement de 12 festivals à Montréal durant le mois de juillet (mas o menos): Zoofest, Osheaga, Montréal complètement cirque, Festival Juste pour rire, Divers/cité, Festival international de films Fantasia, Festival Nuits d’Afrique, Festival mode et design de Montréal, Festival Présence autochtone, International des Feux Loto-Québec, MEG (Montreal Electronique Groove) et Heavy Mtl.

 

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L’Allemagne en fiction: Trilogie berlinoise et Maus

Quel plaisir de lire! Quel plaisir de lire une oeuvre de fiction qui se passe dans la ville qu’on vient de visiter. C’est comme si on y était (dans l’histoire). En fait, pour tout dire, j’avais bien apporté un roman à Berlin, mais je ne l’ai même pas ouvert, mes journées ont JudischesMuseumBerlinété trop remplies. De tout! Quelle ville stimulante! Je me suis tenue assez loin de tout ce qui évoque le génocide juif (mais on ne peut pas totalement l’éviter à Berlin, quand même!), sauf pour aller visiter la nouvelle partie du Jüdisches Museum dont l’architecture conçue par Daniel Libenskind nous fait vivre (de très loin j’en suis certaine) l’isolement, le vide et la perte de repères qu’ont vécu les Juifs.

TrilogieBerlinoiseAu retour, en fait, dès l’attente à l’aéroport de Berlin Tegel, je me suis plongée sans plus m’arrêter dans la palpitante Trilogie berlinoise de Philip Kerr. Si je m’étais tenue éloignée du génocide pendant mon séjour, là, je m’y trouvais complètement plongée. L’Été de cristal, La Pâle figure et Un requiem allemand se déroulent avant la Seconde guerre, pendant et après. Chaque roman explore un volet de l’histoire sous un mode roman policier, puisqu’à chaque fois Bernie Gunther enquête sous les dessous du régime: ses liens avec les industriels, les manigances au sein du parti et les relations entre les différents pays qui se sont partagé l’Allemagne d’après guerre. Rien de réjouissant, pour la vraie histoire, mais des plus captivants pour l’histoire que Kerr nous raconte. Mille pages (en format poche) d’intrigues bien menées… même si elles sont sûrement une «pâle figure» de la vérité.

MausIntegraleDeLuxeIdem pour Maus, la célèbre bédé d’Art Spiegelman qui a ouvert la voie aux romans graphiques, aux bédés biographiques. En deux tomes, travail qui lui a demandé 13 ans, Spiegelman relate l’histoire de ses parents, mais surtout de son père, pendant la guerre. Ses dessins en noir et blanc au style épuré, aux traits nerveux, ses personnages, souris et chats, aux détails sobres, rendent toute la charge émotive de l’expérience. Quel contraste entre le propos distancié que prend son père quand il lui relate son histoire et l’horreur de ce qu’il vivait. C’est indicible et pourtant…

[Le personnage d’Art Spiegelman] Mmm. Samuel Beckett a dit: «Chaque mot est comme une tache inutile sur le silence et le néant.»

[Son psy, Juif tchèque, survivant de Terezin et d’Auschwitz] Oui.

[Case sans paroles]

[Art Spiegelman] D’un autre côté, il l’a dit.

[Le psy] Il avait raison. Vous pouvez peut-être l’inclure dans votre livre.

 extrait de Maus, p. 205.

Il n’y a rien à ajouter.

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Ai Weiwei: without fear or favour

Art is a tool to set up new questions

Ai Weiwei, dans Ai Weiwei: Sunflower Seeds

AiWeiweiSunflowerSeedsDécouvrez dans le documentaire de la BBC Ai Weiwei: without fear of favour disponible dans le site Top Documentary ce que symbolisent dans l’oeuvre Sunflower Seeds de cet artiste chinois 100 millions de graines de tournesol. Quel contraste entre le labeur qu’a exigé sa production et l’expérience ludique qu’elle procure aux visiteurs du Tate Gallery à Londres. Emblématique des rapports économiques d’aujourd’hui?

J’adore pénétrer ainsi dans l’univers intellectuel des artistes. Je sais, eux préfèrent qu’on aborde leurs oeuvres en se faisant sa propre interprétation. Mais à chaque fois que j’ai la chance de regarder un documentaire sur un artiste (enfin, la plupart du temps), j’apprécie encore plus la démarche, le point de vue, le sens que revêt une oeuvre. Rien n’empêche que j’y trouve d’autres sens… mais cela me donne des clés de compréhension…

C’est le cas avec ce documentaire d’Ai Weiwei, artiste politique chinois, maintenu reclu par le gouvernement de son pays, non sans paradoxe puisqu’il a dessiné le fameux stade Nest des jeux olympiques de Beijing, tout en dénonçant les autorités. Ce documentaire aide à comprendre les dimensions de l’histoire du pays, de la culture, des techniques artisanales ancestrales de la porcelaine et l’histoire de l’artiste comprises, incluses, cachées dans cette oeuvre contemporaine.

En complément, l’artiste a installé une caméra où les visiteurs peuvent lui poser des questions… et il leur répond ici.

For Ai Weiwei, voicing opinions and communicating with one another is of great importance.

Tate Gallery website

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Mural: art public

IMG_8395Du 12 au 15 juin, c’était le 2e édition du festival Mural d’art public sur le boulevard St-Laurent et rues adjacentes. Même si les habituels kiosques de bouffe et vente trottoir occupent une partie de la chaussée, ce sont bien les murales qui sont à l’honneur. La pluie des jours précédents n’ayant pas aidé les artistes, dimanche quand je suis passée, plusieurs d’entre eux étaient exténués. La beauté de la chose, c’est que les oeuvres ne sont pas éphémères et que le Festival se poursuit donc à l’année longue! On peut même voir les oeuvres de l’an dernier, en plus de tous les «OFF-graffitis» qui germinent un peu partout dans le quartier. Faites-vous une belle balade, muni de la carte des 14 murales de 2013 et autant de 2014 et surtout, sortez de ce sentier balisé et empruntez les ruelles, levez les yeux, penchez-vous, ralentissez. Vous allez découvrir des merveilles.

IMG_8584Dimanche donc, j’ai passé de très agréables heures fascinée par les différentes techniques, les différentes thématiques, par les propos politiques, humoristiques, m’interrogeant sur la situation des graffiteurs «graffités», sur les problématiques de conservation de ces oeuvres tout de même exposées aux aléas climatiques, sur les tensions entre l’art urbain qui s’«institutionnalise» (voire se commercialise) et la base rebelle, revendicatrice de ce mouvement. Pour preuve.

Je ne m’ennuie jamais à chasser et à regarder les graffitis. Ils me forcent à me poser des questions. Nuisance ou beauté?

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Recouvrement sauvage des traces de l’histoire, rappel flamboyant du passé récent ou expression des préoccupations actuelles?

IMG_8474Art, manifeste, publicité? Conscience communautaire ou célébration de l’individualisme? Atteinte à la propriété privée, au bien public, éveilleur de conscience, contre-pouvoir? Le graffiti pose toutes ces questions et plus encore… à qui sait veut s’arrêter et regarder.

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